Tel qu’exposé lors de la présentation de son mémoire en commission parlementaire dans le cadre des consultations sur le projet de loi n° 87 – Loi concernant principalement le développement et la mise en valeur de Terrains industriels et la gouvernance de la Société du parc industriel et portuaire de Bécancour, la Nation W8banaki demande au gouvernement du Québec d’apporter des modifications à ce projet de loi qui facilitera le développement sur le territoire de la Société du parc industriel et portuaire de Bécancour (SPIPB) en lui donnant plus de pouvoirs. En bref, l’ajout de nouveaux pouvoirs implique l’ajout de responsabilités assurant le respect des droits ancestraux et issus de traités de la Nation, ainsi que du Ndakina, son territoire ancestral.
La SPIPB, qui est située sur le Ndakina, le territoire ancestral w8banaki, est un lieu de rassemblement culturel et spirituel depuis plus de 4 000 ans d’une grande importance étant donné sa proximité qui favorise l’enseignement des connaissances nécessaires aux pratiques ancestrales. Les activités telles que la chasse, la pêche et la cueillette, toujours pratiquées aujourd’hui, jouent un rôle essentiel dans le renforcement de l’identité w8banaki. Cependant, le développement industriel amorcé depuis la création de la SPIPB en 1968 a considérablement réduit l’accès à ces espaces essentiels.
Ainsi, le projet de loi, qui prévoit notamment l’ajout de territoires propices aux pratiques ancestrales, situés dans le parc Laprade, au territoire de la SPIPB ainsi que de nouveaux pouvoirs permettant l’acquisition de terrains et la construction d’infrastructures, soulève de vives inquiétudes pour la Nation W8banaki. Ces mesures pourraient accentuer les pressions sur le Ndakina, menaçant les écosystèmes dont dépendent les pratiques ancestrales de la Nation, alors que les discussions pour redresser les torts des impacts des développements des dernières années stagnent depuis trop longtemps.
Dans son mémoire, la Nation W8banaki présente plusieurs recommandations afin que le projet de loi respecte les droits des W8banakiak et favorise un développement industriel responsable. Ces recommandations incluent l’octroi des pouvoirs nécessaires à la SPIPB pour pouvoir répondre aux préoccupations w8banakiak, la reconnaissance explicite du territoire ancestral w8banaki, la mise en place d’un processus structuré de consultation et d’accommodement ainsi que la création de mécanismes permettant d’évaluer les impacts industriels cumulatifs.
« Le développement ne peut se faire au détriment de nos droits, de nos pratiques et de notre territoire. Nous tendons la main pour une collaboration basée sur le respect mutuel et la reconnaissance de nos droits constitutionnels. Le Ndakina n’est pas seulement notre héritage, c’est notre identité », a déclaré Michel R. Bernard, Chef du Conseil des Abénakis de Wôlinak.
Rick O’Bomsawin, Chef du Conseil des Abénakis d’Odanak, abonde dans le même sens et est clair : « Il s’agit de notre territoire, et nous avons le droit fondamental de participer à chaque décision qui l’affecte. Nous n’accepterons rien de moins. »
La Nation propose également l’établissement d’aires protégées sur le territoire de la SPIPB afin de préserver les pratiques ancestrales, ainsi que l’intégration de mesures favorisant la signature d’ententes sur les répercussions et les avantages entre les entreprises opérant sur ce site et la Nation W8banaki.
Malgré les garanties prévues à l’Entente sur la consultation et l’accommodement signée entre le Québec et les W8banakiak ainsi qu’aux traités d’Oswegatchie et de Kahnawake quant à la préservation du mode de vie ancestral, la Nation W8banaki dénonce un manque de consultation adéquate concernant les projets de développement sur son territoire qui met en péril le dernier territoire où la transmission familiale est relativement facile. Dans ce contexte, cette dernière réaffirme son ouverture au dialogue, tout en insistant sur l’importance de mécanismes concrets pour protéger le Ndakina, la transmission des connaissances et, ultimement, l’identité w8banaki.